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La lumière bleue, un progrès remis en cause ?

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Pourquoi en parlons-nous ?

En 2014, le prix Nobel de physique a été décerné à trois chercheurs japonais, Isamu Akasaki, Hiroshi Amano et Shuji Nakamura, pour leurs travaux sur la mise au point d’une LED bleue à haute performance énergétique créée à la fin des années 19801. C’est grâce à cette avancée que l’éclairage public peut se doter d’une lumière blanche, puissante et économique.

La LED bleue a été inventée par Jacques Pankove en 1971, mais celle-ci avait un rendement lumineux insuffisant. De nombreux chercheurs se sont penchés sur la difficile conception d’une LED bleue.

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Les recherches des trois Japonais constituent une avancée majeure, comme le souligne le comité Nobel : « une invention pour le plus grand bénéfice de l’humanité »2, mais également « Avec l’avènement de la LED, nous avons désormais des alternatives plus durables et plus efficaces aux vieilles sources d’éclairage »2.

En effet, d’après la revue Numerama, « des ampoules LED de 4 watts peuvent désormais produire 310 lumens (ou lm), ce qui correspond à la puissance d’éclairage d’une ampoule halogène de 50 watts »3. Toujours d’après Numerama, les LED possèdent « une autonomie qui peut aller jusqu’à 100 000 heures, contre 1 000 heures pour les ampoules incandescentes, ou 10 000 heures pour les fluorescentes »3.

Ainsi, l’arrivée de la LED bleue constitue une avancée majeure, tant sur le plan écologique et énergétique que technologique. Un progrès, certes, mais au détriment de notre santé…

Quels sont les dangers ?

D’après l’article de Futura Santé : « Lumière bleue : les LED sont-elles dangereuses pour nos yeux ? » l’exposition trop longue à la lumière froide contribue à la dégénérescence maculaire liée à l’âge4.

Nos cellules photoréceptrices, qui permettent de capter la lumière et de définir une image, ont besoin d’un apport en molécules qui porte le nom « rétinal » et dont la formule est « C20H28O »4.

Or, la lumière bleue des LED modifie leurs apports bénéfiques, les transformant en molécules tueuses détériorant notre vue4. De ce fait, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) nous met en garde face à cette surexposition qui provoquerait le vieillissement et la dégénérescence maculaire.

Considérant « les risques sanitaires liés à la lumière bleue émise par des éclairages à LED appartenant à des groupes de risques supérieurs à 1 (selon la norme NF EN 62 471) »5, l’agence Anses recommande « de restreindre la mise sur le marché des LED à usage domestique ou accessibles à la population générale, aux LED appartenant à des groupes de risques inférieurs ou égaux à 1 (lorsqu’elles sont évaluées à une distance d’observation de  200 mm) »5. Enfin, l’Agence fait part de ses interrogations sur « les incertitudes quant aux effets d’une exposition chronique à de faibles doses, ainsi que les incertitudes quant aux effets sur l’horloge biologique et la diminution de la contraction pupillaire »5.

Les dangers de la lumière bleue sont quelque peu mis sous silence tant la LED apporte un réel apport énergétique pour notre société. Aujourd’hui, elle est présente partout, sur nos téléphones, nos télévisions, nos ordinateurs ou encore nos voitures. D’autant plus que l’Union Européenne favorise son utilisation en interdisant les ampoules halogènes pour des raisons écologiques.

Qui sont les plus exposés aux dangers de la lumière bleue ?

Certains individus sont davantage sujets aux effets néfastes de la lumière bleue, l’Anses parle de « populations sensibles à la lumière en général »5. Parmi eux, on y retrouve les enfants. Ces derniers ont encore un cristallin transparent ce qui laisse sans réelle protection. Or, avec l’âge, le cristallin jaunit et fait office de filtre à la lumière afin de limiter son impact sur notre rétine.

Nous retrouvons également dans cette catégorie, des personnes atteintes de maladies oculaires comme le souligne le rapport de l’Agence : « aphakes, pseudophakes, patients atteints de certaines maladies oculaires et cutanées, patients consommant des substances photo-sensibilisantes »5.

Quelles solutions pour limiter les dangers de la lumière bleue ?

L’une des solutions les plus évidentes est de limiter nos interactions avec les objets ou les écrans qui émettent une lumière bleue. Cette recommandation est encore plus valable pour les enfants : « éviter l’utilisation de sources de lumière émettant une forte lumière froide (lumière riche en couleur bleue) dans les lieux fréquentés par les enfants (maternités, crèches, écoles, lieux de loisirs, etc.) ou dans les objets qu’ils utilisent (jouets, afficheurs lumineux, consoles et manettes de jeu, veilleuses nocturnes, etc.) »5.

Une autre solution est de privilégier des lumières dites chaudes ou bien froides mais à faible intensité à l’intérieur de l’habitat ou bien lorsque nous regardons un écran.

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Certains ordinateurs ou bien téléphones portables sont capables de modifier le rendu de l’écran pour des couleurs plus chaudes et ainsi limiter les effets néfastes sur le sommeil. Également, il existe une catégorisation de dangerosité pour les sources de rayonnements optiques selon la norme NF62471. Le groupe 0 signifie « pas de risque », le groupe 1 signifie « risque faible », le groupe 2 « risque modéré » et le groupe 3 « risque élevé ».

Or comme nous l’indique le site internet « INRS » dans son article « Éclairage à LED », les individus ne peuvent différencier les éclairages à faible risque : « Obligatoire à la vente, le marquage CE des lampes et luminaires impose d’afficher leur classement en termes de risques photobiologiques s’il dépasse GR1 »6. Rien n’est indiqué pour les groupes inférieurs car, « pour les dispositifs d’éclairage général des locaux appartenant aux groupes GR0 et GR1, il n’y a pas, a priori, de risque pour les yeux en conditions d’utilisation normale »6.

Pourtant, dans son rapport, l’Anses préconise de donner davantage d’indications aux consommateurs afin de leur permettre de choisir le produit le plus adapté à leur vision : « proposer éventuellement pour chaque groupe de risque des sous-groupes de risque qui permettraient d’affiner l’évaluation du risque en fonction des temps d’exposition »5 ou encore « dans le cas de groupes de risque supérieurs à 0, d’évaluer les distances de sécurité (distance à laquelle l’observation correspond au groupe de risque 0), et de les préciser de manière explicite sur les produits destinés aux consommateurs (cas des dispositifs grand public) ou aux professionnels en charge de la réalisation de l’installation d’éclairage »5.

Enfin, il est possible, voire conseillé, de porter des lunettes anti-lumière bleue lorsque nous regardons un écran de manière prolongée. Les verres font office de filtre et permettent de limiter la fatigue visuelle et de protéger la rétine.

Conclusion

Le développement de la LED a permis d’importants progrès technologiques et énergétiques dans le domaine de l’éclairage et elle garde de beaux jours devant elle, de bon augure pour l’écologie. Toutefois, ces progrès peuvent cacher des dangers sanitaires. La lumière bleue des LED, annoncée comme une révolution technique, fait aujourd’hui parler d’elle pour la dégénérescence maculaire qu’elle peut provoquer.

Il reste toutefois à déterminer de manière scientifique le degré de luminosité et le temps d’exposition qui pourraient provoquer cette dégénérescence. Certaines personnes sont plus vulnérables, telles que les enfants. Des solutions pour se protéger existent, bien qu’il soit nécessaire de mieux informer les consommateurs sur les niveaux de risques, de favoriser des variateurs de luminosité et de pouvoir basculer de la lumière froide à la lumière chaude. Les constructeurs auront, eux aussi, un rôle à jouer en proposant des solutions innovantes qui n’éblouissent pas les individus. Mieux vaut prévenir que guérir.

Pour plus d’informations sur la lumière des écrans, rendez-vous sur l’Asnav « Des écrans et des yeux« , https://asnav.org/dossier/dossier-5/

Sources :

1Pour la Science.fr : « Le prix Nobel de physique 2014 pour les LED bleues », octobre 2014, https://www.pourlascience.fr/sd/physique/le-prix-nobel-de-physique-2014-pour-les-led-bleues-11991.php

2The Nobel Prize : « Award ceremony speech », décembre 2014, https://www.nobelprize.org/prizes/physics/2014/ceremony-speech/

3Numerama, Guillaume Champeau : « La LED bleue récompensée par un prix Nobel de physique », octobre 2014, https://www.numerama.com/magazine/30835-la-led-bleue-recompensee-par-un-prix-nobel-de-physique.html

4Futura Santé, Nathalie Mayer : « Lumière bleue, les LED sont-elles dangereuses pour les yeux ? », août 2018, https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-lumiere-bleue-led-sont-elles-dangereuses-yeux-25795/

5Anses : « Effets sanitaires des systèmes d’éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED) », octobre 2010, https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2008sa0408.pdf

6Inrs : « Éclairage à LED », http://www.inrs.fr/risques/rayonnements-optiques/eclairage-led.html

Le Figaro, Anne Lefèvre-Balleydier : « Pourquoi faut-il se méfier de la lumière des LED », avril 2016, http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/04/19/24877-pourquoi-faut-il-se-mefier-lumiere-led

Lesnumériques.com, Erick Fontaine : « Halogène, Xenon, Led, Laser ou la révolution des phares », https://www.lesnumeriques.com/voiture/halogene-xenon-led-laser-revolution-phares-a2705.html